Questions au Professeur Richette,
rhumatologue à l’AP-HP Lariboisière, Paris
Interview du Professeur Pascal Richette
Rhumatologue,
AP-HP Lariboisière, Paris
L’arthrose concerne une dizaine de millions de personnes en France. Aujourd’hui, on comprend mieux les mécanismes de cette maladie qui n’est plus considérée comme une simple usure du cartilage mais bien comme une maladie plus générale dont certains facteurs de risque sont identifiés et peuvent être modifiables.
Pendant longtemps, l’arthrose fut synonyme de maladie du cartilage, avant que les chercheurs ne mettent en évidence le rôle de l’os, du tissu graisseux et de la membrane synoviale, en plus du cartilage.
Comment est-on arrivé à parler de maladie générale (ou systémique)
et qu’est-ce que cela signifie ?
Tout a commencé avec la mise en évidence du lien entre arthrose et obésité… Comme le vieillissement, l’obésité est aujourd’hui un facteur de risque reconnu de l’arthrose, en partie du fait de l’augmentation des contraintes mécaniques exercées sur le cartilage au niveau du genou, mais pas uniquement.
En effet, l’excès de poids augmente également le risque de développer une arthrose digitale. Dans ce cas, la surcharge mécanique secondaire à l’obésité ne pouvant pas être une explication logique, les chercheurs ont alors suggéré que l’arthrose n’était pas seulement une maladie « mécanique » mais peut être bien aussi une maladie générale, inflammatoire.
Certaines substances appelées cytokines sont produites par l’organisme en quantité plus élevée chez les patients obèses. Elles semblent jouer un rôle dans le développement de l’arthrose en favorisant l’inflammation au sein de l’articulation et en exerçant des effets délétères sur le cartilage.
En pratique, y a-t-il des conséquences sur la prise en charge de la maladie ?
On peut affirmer qu‘il est fondamental de perdre du poids. Même modérée, la perte de poids diminue la douleur et réduit l’incapacité fonctionnelle.
Parallèlement, une activité physique régulière modérée est bénéfique pour les articulations.
En attendant la mise au point de médicaments capables de cibler de façon spécifique les substances inflammatoires impliquées dans le processus arthrosique et de neutraliser leurs effets délétères, les « classiques » mesures hygiéno-diététiques sont donc toujours recommandées pour la santé de vos articulations… et plus largement de votre organisme !