Questions au Professeur Gilbert,
rhumatologue à l’AP-HP Salpêtrière, Paris
Interview du Professeur Eric Gibert
Rhumatologue,
AP-HP Salpêtrière, Paris
Service rhumatologie
L'arthrose est une cause majeure d'invalidité des membres inférieurs.
Elle entraîne des limitations fonctionnelles principalement à cause des douleurs mais aussi de la raideur occasionnée.
Elle est responsable d'une diminution de la qualité de vie et son retentissement psychologique peut être important.
Rappel sur la qualité de vie ?
L'Organisation mondiale de la santé définit en 1994 la qualité de la vie comme « la perception qu'a un individu de sa place dans l'existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s'agit d'un large champ conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état psychologique, son niveau d'indépendance, ses relations sociales, ses croyances personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement ».
La qualité de vie se structure le plus souvent autour de quatre dimensions :
- Etat physique : autonomie, capacités physiques
- Sensations somatiques : symptômes, conséquences des traumatismes ou des traitements
- Etat psychologique : émotivité, anxiété, dépression
- Statut social : relations sociales et rapport à l'environnement familial, amical ou professionnel
L'évaluation de la qualité de vie ne peut pas être réduite à celle de la santé : certains individus dont l'état de santé est jugé médiocre peuvent conserver une qualité de vie correcte et inversement.
La mesure de la qualité de vie est donc subjective et les préoccupations de votre médecin, kinésithérapeute, infirmier(e) … peuvent ne pas toujours concorder avec les vôtres !
L'étude de la qualité de vie appliquée à la santé ("Health Related Quality of Life" des anglo-saxons) a pour objectif de mieux prendre en compte la perception par le patient de son propre état de santé en intégrant les dimensions qui peuvent être modifiées par la maladie ou son traitement.
Améliorer votre qualité de vie consiste à réduire les répercussions fonctionnelles négatives (sur l'activité physique, l'état psychologique, les relations sociales...) de votre maladie et de ses traitements, telles que vous les percevez.
La qualité de vie : pourquoi et comment la mesurer ?
Mesurer votre qualité de vie c'est mieux prendre en compte la perception que vous avez de votre maladie pour tenter d'en réduire les répercussions fonctionnelles physiques mais aussi psychologiques et sociales. On sait qu'en matière d'arthrose, ces répercussions peuvent être importantes sur votre qualité de vie. Certaines études ont montré que l'altération de la qualité de vie observée chez des patients souffrant d'une arthrose digitale était aussi importante que chez ceux atteints d'une polyarthrite rhumatoïde.
Même si c'est votre médecin qui détermine le traitement, c'est vous qui consultez et décidez de suivre sa prescription et ses recommandations. La perception que vous avez de votre maladie et des traitements mis en œuvre influence notablement votre qualité de vie.
Il existe deux grands types d'outils pour mesurer la qualité de vie:
- des instruments de mesure de qualité de vie dits « génériques » qui fournissent des données sur l'état de santé et la qualité de vie, quelle que soit la maladie ou même en l'absence de maladie,
- des instruments de mesure de qualité de vie dits « spécifiques » qui fournissent des données propres à la maladie.
Quel que soit l'outil choisi par votre médecin, la mesure de votre qualité de vie se fera à partir de l'analyse des réponses à un questionnaire standardisé que vous aurez rempli vous-même (on parle de questionnaire auto-administré), ou avec l'aide d'un tiers (médecin, infirmière, parent...).
Les questionnaires les plus souvent utilisés dans l'arthrose sont le SF36, le WOMAC ou encore l'index Lequesne.
Que faire pour que l'arthrose n'altère pas ou le moins possible votre qualité de vie ?
En l'absence de traitement curatif, les différents traitements symptomatiques existants peuvent vous permettre d'améliorer votre qualité de vie, à condition que vous participiez activement à votre prise en charge thérapeutique !
Ainsi, la pratique régulière de la marche, la réalisation sur les conseils d'un kinésithérapeute de mouvements simples non douloureux, d'exercices d'étirements ou de renforcement des muscles, vous aideront à réduire la douleur, maintenir votre amplitude articulaire, protéger l'os, le cartilage et éviter l'atrophie musculaire, en particulier si vous souffrez d'une arthrose du genou.
En cas de kilos superflus, une perte de poids, même modérée, aura des effets positifs sur votre arthrose et les douleurs qui l'accompagnent.
Les aides techniques vous permettront de rester autonome, surtout si vous éprouvez des difficultés à la marche.
Pour ménager vos articulations :
- Evitez les positions et les gestes incorrects, la marche sur les terrains accidentés, les escaliers et préférez les stations allongées ou assises avec les jambes étendues.
- Aménagez votre environnement et, pour cela, demandez conseil à votre médecin traitant ou votre kinésithérapeute.
- Utilisez des aides à la marche si vous souffrez d'arthrose des membres inférieurs : canne du côté opposé au genou arthrosique, semelles orthopédiques, béquilles, orthèses, genouillères.
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