On dit de certaines maladies qu’elles sont multifactorielles lorsqu’elles sont dues à l’interaction entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux : c’est le cas de l’arthrose comme du diabète, de l’hypertension artérielle, de l’asthme, de la polyarthrite rhumatoïde...
Pourquoi peut-on parler de composante génétique dans l’arthrose ?
L’argument le plus important est l’existence de cas familiaux, avec plusieurs personnes atteintes de la maladie dans les différentes générations : ainsi, on sait qu’une femme aura un risque plus élevé de développer une arthrose des doigts (dite arthrose digitale) si sa mère, sa tante ou sa grand-mère était atteinte.
On connaît des familles où existent des arthroses apparemment "primitives" (sans cause) survenant de manière diffuse et très précoce (avant l'âge de 30 ans). Par ailleurs, l’étude de vrais jumeaux, qui ont le même patrimoine génétique, a montré que si l’un des jumeaux souffre d’arthrose des doigts, du genou ou de la hanche, le second présente un risque plus élevé de développer la maladie que les autres frères et sœurs, ou des faux jumeaux.
Cependant, ce n’est pas parce que l’un des 2 jumeaux est atteint, que l’autre le sera systématiquement.
En effet, les facteurs génétiques ne sont pas les seuls à intervenir, d’autres facteurs, dits environnementaux, jouent également un rôle. Dans le cas de l’arthrose, il s’agit principalement du surpoids et des traumatismes articulaires.
A quoi correspond la notion de gènes de prédisposition ?
Le génome humain est l’information contenue dans les 2 lots de 23 chromosomes que nous possédons dans chacune de nos cellules, l’un provenant de notre père, l’autre de notre mère.
Ces chromosomes renferment nos gènes qui sont en quelque sorte des phrases d’un immense texte (le génome) écrit à partir d’un alphabet de 4 lettres (ATCG). Le gène, grâce à l’information qu’il contient, est capable de donner une instruction précise à la cellule comme par exemple celle de produire du collagène, substance qui rentre dans la composition du cartilage.
Il existe plus d’un million de « différences d’orthographe » dans ce texte, certaines sont sans importance et d’autres augmentent le risque de développer une maladie : ce sont les facteurs génétiques de prédisposition. Le risque lié à un seul facteur est faible, c’est l’accumulation de plusieurs d’entre eux associés à des facteurs d’environnement qui peut favoriser l’apparition de la maladie.
C’est pourquoi, même si certains gènes de prédisposition ont été découverts, des tests génétiques ne sont pas pratiqués dans le cadre d’un conseil génétique, car ils n’auraient dans l’état actuel de nos connaissances aucune valeur diagnostique, prédictive, ni pronostique…
C’est l’une des grandes différences avec les maladies monogéniques, dans lesquelles la mutation d’un seul gène est directement la cause de la maladie et peut se transmettre à la descendance : c’est le cas de la mucoviscidose par exemple.
Dans l’arthrose, les observations faites chez les vrais jumeaux et l’existence conjointe de plusieurs facteurs génétiques et environnementaux indiquent que les gènes impliqués doivent être considérés uniquement comme des gènes de prédisposition ou de vulnérabilité.
Ainsi, avoir une mutation dans un ou même plusieurs gènes de prédisposition ne signifie pas que l’on sera malade : on peut avoir des mutations dans certains gènes dits de prédisposition et ne pas développer d’arthrose si l’on n’est jamais exposé à des facteurs de risque environnementaux.
Comment se transmettent les gènes de prédisposition de l’arthrose ?
L’arthrose n’est pas une maladie génétique héréditaire du type hémophilie ou mucoviscidose, elle ne répond pas aux lois de Mendel.
L'hérédité mendélienne caractérise la transmission des maladies génétiques dues à une mutation dans un seul gène.
Le risque de réapparition de la maladie arthrosique d’une génération à l’autre ne peut-être estimé que de façon empirique, sur la base d’études menées sur un grand nombre de familles. Il n’y a pas de règle générale, chaque maladie ayant ses particularités, qui peuvent tenir notamment au nombre de gènes impliqués dans le développement de la maladie.
Actuellement, de nombreuses études sont en cours pour localiser les gènes de vulnérabilité impliqués dans l’arthrose et certains d’entre eux ont déjà été identifiés.
Les interactions entre facteurs génétiques et environnementaux demeurent cependant encore mystérieuses.
L'arthrose peut être la conséquence de véritables maladies génétiques héréditaires, on parle alors d'arthrose secondaire.
L'hémophilie est une maladie de la coagulation, héréditaire, qui se traduit par des saignements au niveau de la peau, des muqueuses (gencives...) mais aussi des articulations. Ce sont les saignements répétés dans les articulations qui sont à l'origine de la dégradation du cartilage et donc de l'apparition de l'arthrose.
L'hémochromatose est une maladie héréditaire due à une surcharge en fer dans l'organisme. Elle se manifeste par une coloration de la peau, des anomalies du foie et un diabète.
Sur le plan articulaire, elle se traduit par une arthrose sévère qui touche principalement les mains puis les autres articulations si la maladie n'est pas traitée.
Rendue possible grâce au séquençage de notre génome, la recherche des gènes impliqués dans l’arthrose est une étape indispensable pour comprendre les mécanismes de la maladie et ensuite, un jour peut être, mettre au point des traitements capables de réparer les mécanismes déficients.