Les médicaments de la famille des bisphosphonates sont de plus en plus prescrits pour prévenir l'ostéoporose et réduire le risque de fractures liées à l'âge. On sait que ces molécules ne seraient pas dénuées de complications, comme l'inflammation de l'uvée et la sclérite. « Cet effet indésirable est bien connu. Il est répertorié dans le résumé des caractéristiques produits, qui est le résumé de l'autorisation de mise sur le marché », précise Catherine Deguines, responsable de l'unité de médicaments en rhumatologie de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé. Une étude épidémiologique menée auprès de 934 147 personnes s'étant rendues chez un ophtalmologue entre 2000 et 2007 en Colombie-Britannique en évalue la première fois la fréquence. Publiée dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ), elle estime l'incidence des uvéites à 29/10.000 années-personnes chez les utilisateurs de biphosphonates et celle des sclérites à 63/10 000 années-personnes (contre 20/10 000 pour l'uvéite et de 36/10 000 pour la sclérite chez les personnes non traitées par biphosphonates). «Autrement dit, il faut traiter 1 100 patients pour qu'une uvéite apparaisse. Pour la sclérite, c'est 370 patients qui doivent être traités. Mais ce nombre me paraît surestimé », nuance le Pr Bernard Bannwarth, rhumatologue au CHU de Bordeaux. Si ces inflammations ne sont pas bénignes, « les effets indésirables ophtalmiques apparaissent tôt après le début du traitement et se terminent vite dès lors qu'il est arrêté», précise le Pr François Chast, chef du service pharmacologie-toxicologie de l'Hôtel-Dieu à Paris. Il n'est pas utile de mettre en place des mesures de surveillance particulières. «Mais un patient sous bisphosphonate dont l'oeil est rouge et douloureux doit consulter un médecin», indique le Pr Chast.